t'as d'beaux yeux, tu sais? ✎ (arthur)

Ouh, ça tangue. Tu rigoles tout seul alors que tu t’assoies sur le premier banc que tu rencontres. Tu t’appuies contre le dossier et penches la tête en arrière pour admirer le ciel. C’est quand même vachement beau les étoiles. Tu souris. Tu es bien content de passer tes journées à les étudier. Tu te sens drôlement chanceux. Tu redresses ta tête d’un coup. Non. T’es pas là pour regarder ces jolies petites boules de gaz. Arthur. Arbuckle. Oh ce con ! C’est qu’il a foutu la pagaille dans ta drôle de tête. Faut dire que tu n’as pas été très difficile à embrouiller, et c’est bien ça qui t’inquiète. Et si … naaan. Mais si … ? Ouh la la, c’est la panique ! Tu as besoin d’en avoir le cœur net, et c’est bien pour ça que tu es là. Certes il est quatre heures du matin, mais c’est une question de vie ou de mort ! Ou pas, en fait. Mais c’est quand même super important. Surtout que t’es bourré. Et quand t’es bourré, tout est toujours super important. Tu quittes ton banc et marches en direction de l’immeuble de ton meilleur ami. Tu réfléchis pendant au moins dix minutes avant de trouver le bon code à taper sur l’interphone. Faut dire qu’après avoir tenté une centaine de fois de taper le tien, tu t’es finalement rendu compte que tu n’étais pas chez toi. La porte s’ouvre et tu pénètres dans le grand immeuble. Tu peines un peu à grimper jusqu’au bon étage. Les marches de l’escalier s’amusent à bouger sous tes pieds, les coquines. Pour accéder à la porte d’Arthur, tu passes devant l’ascenseur, parce que oui, il y a un ascenseur… « C’est vrai que t’es là, toi. » lances-tu d’une voix enjôleuse. Tu lui donnes un micro coup de doigt, puis sans raison valable, tu te jettes contre la porte de Tannenhill. « Aoutch… » Bah oui … Tu rigoles un petit coup avant de tendre le bras pour appuyer sur la sonnette. Ton doigt reste appuyer sur le bouton jusqu’à ce que la porte s’ouvre et que tu te casses la gueule à l’intérieur de l’appartement. Allongé par terre, tu aperçois Arthur penché au-dessus de toi. Tu lui fais un immense sourire. « SURPRISE ! » te mets-tu à gueuler. Tu roules sur le côté pour te mettre debout, mais faut avouer que c’est très dur. « Hm… tu peux m’aider ? » demandes-tu presque embarrassé. Une fois sur tes deux pattes, tu le regardes. C’est vrai qu’il est beau… Tu tends ton doigt et l’approches de sa joue. Encore une fois, sans raison apparente.

Sa soirée avait été des plus tranquilles, tout comme les jours qui l’avaient précédée depuis qu’il était en congé. Pas de boulot, pas d’affaires à traiter, juste les étoiles, un verre de vin, son paquet de cigarettes et lui. C’était tout ce dont il avait besoin. Le garçon n’était pas spécialement casanier, mais ce n’était pas pour autant quelqu’un qui profitait de la moindre journée libre pour quitter la ville ou même partir en vadrouille dans les montagnes. Il ne foutait absolument rien de ses journées de congé et il n’y avait rien de plus bon. Ce soir n’avait pas fait exception à ses prédécesseurs.  Oh, il y’avait bien eu sa mère qu’il avait eu au téléphone pendant près d’une heure. Toujours la même histoire, elle voulait le voir revenir habiter à la maison, quand bien même ce n’était qu’à moins de cinq minutes de marche. Cela ne faisait pas longtemps qu’il s’était installé dans cet appartement, sa dernière relation ayant duré pas mal d’années, il s’imaginait peut-être finir par passer la bague au doigt à cette fille et avait juste anticipé quelques peu le cas. Sa relation s’était terminée récemment, naturellement et sans dispute très grave. Arthur s’était habitué à cet appartement et l’avait donc gardé, se rendant le plus possible à la maison familiale pour garder un œil sur sa jeune sœur mais c’était toutefois dans cet appartement qu’on le retrouvait le plus souvent.  

Le jeune homme se réveilla d’un coup à cause de la sonnerie, effrayé et le cœur battant. C’était quoi ça ? La sonnerie ne s’arrêta pas, lui explosant les tympans. Il lâcha un juron avant de quitter son lit, simplement en boxer. Il ouvrit la porte et eut à peine le temps de se décaler pour laisser son meilleur ami s’étaler par terre, levant un sourcil tout en l’observant. « Tu parles d’une surprise, tu m’as explosé les tympans, mec ! » Sans oublier qu’il lui avait causé une réelle frousse, ça il n’avait pas besoin de le savoir. Arthur le laissa un moment essayer de se relever sans succès, juste pour se venger de cette frayeur mais il ne pouvait rester indifférent face à son ami très longtemps. Il prit sa main et le tira vers lui, l’attrapant par les épaules pour s’assurer qu’il n’allait pas se retrouver à nouveau au sol. Il vit le doigt de Bryn s’approcher de sa joue et il recula inconsciemment. « Je peux comprendre que je sois indispensable à ta vie, mais il est un peu tard Ley. » soupira-t-il, l’entrainant malgré tout vers le canapé. « Surtout si c’est pour venir bourré. » Ah, il puait totalement l’alcool.

Toujours étalé sur le sol, tu ris bêtement. Tu es plutôt fier de ta connerie. Faut dire que vu l’état dans lequel tu es, toutes tes bêtises te rendraient fier. Quand on pense que quelques heures plus tôt, tu te trouvais ridicule et t’inquiétais de ce que les autres pouvaient penser de toi. « Tu parles d’une surprise, tu m’as explosé les tympans, mec ! » Oups ? Tu plisses tes lèvres et fais ta tête toute innocente comme pour t’excuser. Tu ne t’es même pas rendu compte que tu avais laissé ton doigt appuyer sur le bouton. « Pas fait exprès. » chuchotes-tu, embêté. Tu n’aimes pas l’idée de lui avoir fait du mal. Même si en soit, ce n’est pas grand-chose, étant quelque peu éméché, tu le vois comme quelque chose d’affreux. Alors qu’Arthur attrape finalement ta main pour t’aider à te relever, tu ne peux t’empêcher de vouloir corriger tes torts. « Tu veux un bisou magique ? » Bon, oui, tu n’as pas forcément la bonne technique ce soir… cette nuit, mais ce n’est pas de ta faute ! Bah non, c’est la faute de Syrius. C’est toujours de la faute de Syrius. Leçon très importe. Ton meilleur ami, les mains sur tes deux épaules, te stabilise sur tes pattes. Il fait bien, on ne sait pas si, sans ça, tu serais resté longtemps debout. Un véritable ami, penses-tu. Sans qu’on ne puisse l’expliquer d’une quelconque façon, ton doigt s’approche dangereusement de la joue d’Arthur. On se demanderait presque ce que tu fiches. Il évite instinctivement ta main. « Je peux comprendre que je sois indispensable à ta vie, mais il est un peu tard Ley. » Ley … Il est la seule personne à t’appeler ainsi. Il faut dire que la plus part des gens ne savent pas que ton prénom est en réalité Brynley. Avec les années, tu as pris l’habitude de te présenter comme étant Bryn. Seulement, sans que tu ne comprennes pourquoi, à l’entente de ce surnom, ton surnom, tu ne peux retenir un frisson de te parcourir l’échine. L’arrière de ta tête vient rencontrer le haut de ton dos pendant quelques secondes. « Tu veux que je parte ? » demandes-tu soudainement un peu plus sérieux. Ton visage, à moitié décomposé, tu le regardes alors qu’il t’entraine vers le canapé. Il ne t’a pas lâché depuis que tu t’es relevé et la pression de ses mains sur ton corps te fait tout drôle. « Surtout si c’est pour venir bourré. » Ton attention quitte ses mains pour s’attarder sur ton état. Tu essayes de réfléchir, chose loin d’être facile pour toi. Comment est-ce qu’il sait que tu es bourré ?! Le pire, c’est que c’est vraiment un total mystère pour toi. Tu penses vraiment qu’il est devin. « Mais j’suis pas bourré! » te défends-tu, presque convainquant. Ton regard est fixé sur lui qui s’est assis à côté de toi sur le canapé, gardant quelques peu ses distances. Tu tilts. Tu pues. Pour toi, c’est évident : c’est comme ça qu’il a su ! Merde, du coup, t’as menti. « Bon d’accord, peut-être un petit peu… » Bizarrement, depuis que tu as réalisé que tu es potentiellement en train d’embaumer la pièce, tu te sens mal à l’aise. « Arthur… » commences-tu avant de réaliser une chose essentielle… Il est en caleçon. Ton regard passe de sa tête à ses pieds en ne loupant aucune miette du spectacle qui s’offre à toi. Ouh la la. Tu te lèves brusquement. Quelque chose te gêne. Et si Syrius avait vraiment raison ? Parce qu’Arthur en caleçon ne devrait pas te faire d’effet. Ça ne t’a jamais fait d’effet auparavant. Tu te demandes si c’est parce que tu as trop bu ou si Arbuckle a réussi à entrer dans ta tête. Ou si, c’est un fait … si Arthur, l’homme, Arthur, te fait vraiment de l’effet … pour de vrai. Tu n’en sais rien et c’est la panique. Tu te sens subitement beaucoup plus perdu que quand tu étais sur ton banc à observer les étoiles. Machinalement, tu marches jusqu’à la fenêtre, par laquelle tu jettes un long coup d’œil au ciel. Ton front est légèrement froncé et tu sembles perplexe. Très perplexe. Tu en as totalement oublié ce que tu voulais lui demander, soit prendre une douche et te brosser les dents. Comme si l’odeur de l’alcool allait partir aussi facilement. Tu n’oses pas te retourner, tu as peur de ressentir ce que tu as ressenti il y a une minute ou deux. En réalité, tu es venu voir Arthur car l’idée de Syrius t’amusait. Tu ne t’imaginais vraiment pas que tu pourrais te sentir de la sorte.

Son meilleur ami n’était déjà pas doué de ses deux pieds quand il était sobre et cela ne faisait que s’empirer quand ce dernier avait de l’alcool dans le sang. La preuve était en ce moment même alors que son ami était étalé comme une crêpe sur le sol. Et il lui parlait de surprise. Il acceptait son meilleur ami dans tous états évidemment, mais il aurait préféré tout de même avoir une bonne nuit de sommeil ou que ce dernier s’invite chez lui un peu plus tard. M’enfin, ce n’était pas comme s’il allait le laisser partir à présent. Oh, non. Il préférait de loin passer plusieurs nuits blanches à la suite à imaginer Bryn dans les rues à y trainer totalement bourré. Il n’était pas seulement un danger pour lui-même mais tout autant pour les personnes qui l’entoureraient aussi. Ah, le voilà qui lui faisait les yeux doux. Il était vraiment doué ce crétin. « Pas fait exprès. » Arthur lâcha un soupir, s’il pouvait au moins virer son doigt de la sonnette, ce serait déjà un bon début. Il finit par relever son ami, le parquet avait l’avantage de ne pas être glacé mais on pouvait passer sur ce qui était du confort. Au lieu de cela, il préféra trainer son ami de toujours vers le canapé. « Tu veux un bisou magique ? » Il leva un sourcil, observant le brun d’un air sceptique avant de finalement venir lui ébouriffer les cheveux simplement pour l’embêter. « C’est bon, je ne suis plus un gosse. » marmonna-t-il, quelle idée aussi de lui proposer ce genre de choses. Stop, pas besoin de commencer à se faire des idées, Bryn avait dit cela en toute innocence, il en était certain. « Tu veux que je parte ? » Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre, vraiment. Il ne lâcha pas Bryn la moindre seconde jusqu’à ce qu’il l’ait posé sur le canapé avec précaution. A présent, il pouvait tomber si le cœur lui en venait, au moins il était certain qu’il ne se ferait pas mal. « Ne raconte pas de conneries, tu n’iras nulle part dans cet état Brynley. » énonça-t-il d’une voix dure, ses sourcils froncés comme si son ami venait de dire la pire bêtise au monde. « T’es bourré, tu pues un peu aussi…Mais il en faudra un peu plus pour que je t’abandonne. » Il rit en posant les yeux sur ce visage adorable. Les gens se désolaient souvent de la maladresse de l’astrophysicist mais ce n’était pas le cas pour lui, au contraire, il le trouvait attachant avec ses petites moues. Surement la chose qui lui avait donné envie d’en faire son ami du temps du lycée. A cette époque, il avait été loin de penser que leur amitié durerait aussi longtemps, et il ne risquait pas de se plaindre, loin de là. Il n’imaginait plus sa vie sans cet homme. « Arthur… » Il sortit de ses pensées et reposa toute son attention sur son meilleur ami. Est-ce que...Bryn était en train de le mater ? Très lentement en plus. Il baissa les yeux d’un coup, ne comprenant pas lui-même pourquoi il avait fait cela. Son ami se dirigea rapidement vers la fenêtre après ce moment des plus bizarres. Arthur se passa une main nerveuse dans ses mèches blondes. « Je…Je commence à avoir froid, je vais enfiler un t-shirt et je reviens. Ne te suicide pas entretemps s’il te plait. » Il rejoignit rapidement sa chambre et attrapa un grand t-shirt blanc. C’était quoi cette ambiance étrange. Le jeune avocat préféra ne pas tarder plus, avec Bryn bourré dans l’autre pièce, on n’était jamais certain de rien. Il se rapprocha de son ami, se postant derrière lui et en profita pour observer la rue illuminée derrière son dos. « Hey, t’es sûr que ça va ? »